La cousine avait insisté : sa petite voisine était sortie du cabinet de l’ostéopathe sans ses béquilles. Alors, pourquoi refuser une visite de contrôle ? Pourquoi ne pas l’accompagner et prendre rendez-vous ? pourquoi souffrir de douleurs nocturnes quand tu peux être guéri ?
Ok, je prends rendez-vous pour un vendredi après-midi.
Pour s’y rendre, c’est facile : il faut programmer le GPS (sans lui, c’est mort !) pour arriver au niveau du 815 de la rue des Romarins, puis s’engager sur le chemin caillouteux qui lui fait face. Rouler ensuite sur plusieurs centaines de mètres dans la garrigue en évitant les ornières afin d’arriver dans un petit bois de chênes verts où bée un portail rouillé. Une pente raide et pierreuse permet d’accéder à la maison, en contrebas. La cousine est moins fière, avec sa canne. Au pied de la maison, il faut escalader une petite sente mal pavée pour entrer dans le cabinet du praticien.
La cousine étant dans l’incapacité de franchir l’obstacle, l’hôte propose un aménagement de la salle du rez-de-chaussée. Nous le suivons dans un capharnaüm, mais nous sommes bloqués par une marche d’un demi mètre. Il décide donc d’aller chercher une table pliante pour s’occuper de la cousine.
Je m’en vais attendre mon tour dans la voiture.
Lorsqu’enfin, il vient me chercher, nous empruntons la sente empierrée pour entrer dans une petite salle sans âme, froide. Je décris mes maux, et m’allonge sur la table d’examen. Il me propose une couverture, mais au vu de tout ce chantier alentour, craignant une étoffe crasseuse et poussiéreuse, je refuse.
Commence alors une lutte pour la survie. Tandis qu’il me bloque la nuque par derrière, il me demande de me détendre. Pas très facile quand on craint le coup du lapin ! une torsion à droite et les cervicales geignent dans un craquement lugubre. Vite faite, une torsion à gauche. Les prises s’enchaînent martyrisant dorsales et lombaires, qui claquent à leur tour. En quelques instants, je ne suis plus qu’un squelette ballotté, qui grince sous les assauts du tortionnaire.
Enfin satisfait, le bourreau m’offre de me relever, encaisse les billets et me raccompagne vers la cousine.
Pas de facture, pas de remboursement… mais quand tout va mieux, on ne réclame pas.
Le test de la première nuit est une véritable épreuve. Mon épuisement dans la soirée me laisse envisager un sommeil de plomb. Las, je tombe de sommeil, mais la douleur me tient éveillé. Aucune position ne me soulage. Mon remède assis en hauteur est inefficace, ma pommade n’apaise rien. Les heures traînent leurs aiguilles, et la souffrance persiste, satisfaite de mon refus de me gaver d’antalgiques. Le week-end est une douleur constante, les nuits des cauchemars interminables.
Le lundi matin, j’appelle le « magicien » pour un rendez-vous., donné aussitôt. Le magnétiseur me fait m’allonger et constate que ma jambe droite est beaucoup plus courte que l’autre. Il se balance au-dessus de moi, et après quelques minutes mes jambes ont récupéré la même longueur.
La douleur a disparu.